Explorer les manoirs secrets du Perche à VTT : départ de Coudray

Le Perche, à cheval entre l’Eure-et-Loir et l’Orne, évoque instantanément des paysages vallonnés, couverts d’une mosaïque de haies bocagères, et, blottis au creux des chemins, de fiers manoirs entourés de forêts. Partir de Coudray pour explorer ces trésors à VTT, c’est l’assurance d’une aventure ponctuée de surprises architecturales, d’histoire, d’effort physique, et de plaisir pur. Quelques chiffres donnent le ton : le Perche compte près de 250 manoirs et gentilhommières, dont plus de la moitié sont toujours habités ou restaurés (Source : Parc naturel régional du Perche). Le vélo toute-terrain offre l’agilité rêvée pour zigzaguer entre chemins de traverse, forêts majestueuses et villages authentiques.

• Choisissez le bon VTT : les pistes du Perche alternent chemins sablonneux, sentiers forestiers et petites routes de campagne. Préférez un VTT semi-rigide ou tout-suspendu muni de pneus crantés pour un pilotage sûr.
• Munissez-vous d’une carte IGN : la référence reste la carte IGN Top 25 1916SB. Les chemins balisés y figurent, ainsi que les points d'intérêt patrimoniaux.
• Prévoyez de quoi pique-niquer : de nombreux manoirs ne se visitent qu’en extérieur, mais proposent de charmants coins à l’ombre pour une pause déjeuner.
• Pensez respect de la nature : les manoirs sont souvent des propriétés privées. On les admire depuis les grilles ou les chemins, sans franchir les limites sans autorisation.
• Sécurité : port du casque impératif, smartphone chargé, trousse premiers secours, et de l’eau en quantité (minimum 1,5L par personne pour la journée).

Voici un parcours d’environ 38 kilomètres (cumulés), ponctué de six manoirs emblématiques, à compléter en 4 à 6 heures selon votre rythme et les haltes. C’est un tracé accessible pour toute personne ayant déjà roulé sur sentier et en bonne forme physique (dénivelé positif cumulé : 420m).

• Départ : Coudray – Le village, situé à 12km au nord-est de Nogent-le-Rotrou, offre un stationnement facile près de l'église Saint-Denis.
• Étape 1 : Manoir de la Gauberderie (~4,5 km, sud-ouest). Remontez la petite route puis empruntez les chemins forestiers balisés (“circuit des manoirs” balises jaune-vert) jusqu’au bois d’Arcisses. Ce manoir, bien que privé, se révèle à travers ses hauts murs et ses douves, typiques des anciens repaires fortifiés du Perche (fin XVe siècle).
• Étape 2 : Manoir du Chêne Vert (~3 km, ouest). Suivez le GR 22 puis bifurquez sur le sentier communal. Ce manoir se distingue par ses tourelles d’angle et son pigeonnier du XVIIe, souvent visible depuis la route.
• Étape 3 : Manoir de la Poudrière (~6 km, nord). Direction Saintigny par les chemins herbeux longeant la Valée de la Cloche. Ce bâtiment du XVIe siècle est renommé pour sa façade en pierre blanche, rareté dans le Perche souvent bâti en silex ou grison.
• Pique-nique à la Forêt de Montécôt (aire signalée sur IGN).
• Étape 4 : Manoir du Bois Joli (~7,5 km, sud-est). Par une belle descente technique vers le village de Pontgouin, admirez ce site inscrit avec son parc à l’anglaise (visite extérieure uniquement).
• Étape 5 : Manoir de la Vigne (~10 km, retour est). Rejoignez la D921 par les chemins agricoles. Ce manoir possède l’un des plus beaux portails du coin, et ses anciennes caves troglodytes font rêver les amateurs d’histoire.
• Retour à Coudray (~7 km). La boucle se ferme par un agréable single track bordé de grands chênes.

• Manoirs inscrits et classés : Le Manoir du Chêne Vert et le Bois Joli figurent à l’Inventaire général du patrimoine culturel, preuve de leur intérêt architectural.
• Faune et flore : Le Perche abrite 1 300 espèces végétales répertoriées (selon le PNR Perche), dont de magnifiques orchidées sauvages au printemps, à retrouver notamment en lisière du Bois Joli. À l’aube, chevreuils et lièvres croisent parfois la route des cyclistes.
• Passages techniques : Trois descentes (avant le Chêne Vert, après la Poudrière et près de la Vigne) demandent du contrôle, prudence en cas de sol humide.
• Patrimoine rural : Au gré de la balade, ne manquez pas les lavoirs anciens, les croix de carrefour et les « chemins creux », véritables couloirs de verdure typiques du Perche.
• Sources d’eau potable : un robinet public à Pontgouin, une fontaine à Saintigny, mais prévoyez votre réserve.

Chaque manoir porte l’empreinte d’un passé riche. Beaucoup datent des XVe et XVIe siècles, vestiges d’une époque où la région servait de terre d’accueil aux notables de la cour du roi, qui venaient chasser dans les forêts du Perche. Beaucoup de manoirs ont gardé leur vocation agricole et continuent d’animer la campagne. Une anecdote peu connue : le Perche a longtemps été la “terre à manoirs” la plus dense de France, hébergeant en moyenne un manoir ou gentilhommière tous les 3 à 4 km² au XVIIIe, bien devant d’autres bocages historiques (Étude de la Sauvegarde de l’Art Français, 2021).

Si certains manoirs se visitent lors des Journées du Patrimoine ou lors de quelques ouvertures ponctuelles (voir le programme sur le site de l’Office de Tourisme), la plupart se découvrent avec respect depuis l’extérieur. La beauté se niche dans le détail : linteaux sculptés, toitures en ardoise de la Sarthe, colombages sobres, ou parcs secrets alignant les ifs taillés au cordeau.

1. Restez toujours sur le chemin rural ou la voie publique : c’est la règle d’or dans le Perche.
2. Si le manoir se visite, respectez les horaires et ne pénétrez jamais sans autorisation (même pour “juste prendre une photo”).
3. Les clôtures basses et grilles sont faites pour être regardées, pas franchies ! Utilisez vos jumelles ou appareil photo avec zoom pour apprécier les détails.
4. Un mot aimable aux propriétaires croisés ne coûte rien : le Perche est une terre d’accueil, mais la discrétion vaut toujours politesse.

• Un carnet de croquis ou d’aquarelle : Les manoirs inspirent souvent à saisir la plume ou les pinceaux, surtout dans la lumière dorée de la fin d’après-midi.
• Un guide du patrimoine percheron : Feuilletez “Manoirs et Gentilhommières du Perche” de François Gentili, réédité en 2021.
• Optez pour la mi-mai ou septembre : les chemins sont secs, les haies en fleurs ou dorées, et vous évitez la foule des grandes vacances.
• Un appareil photo léger, le téléobjectif pour saisir kemps et lucarnes sculptées.

Les paysages se réinventent au fil des mois : tapis d’oxalis et jonquilles au printemps, mer de blé l’été, brume légère sur les étangs à l’automne... Si la météo est un brin capricieuse (le Perche reçoit en moyenne 800 mm de précipitations annuelles, source Météo France), elle offre aussi de sublimes lumières et un silence rare dans les sous-bois. Pensez à emporter un coupe-vent, même aux beaux jours !

Ce parcours n’est qu’une première étape dans la grande exploration du Perche à vélo. Les amateurs pourront au gré des envies relier la route du cidre vers Rémalard, poursuivre jusqu’au manoir du Tertre à Bellême (l’un des mieux conservés), ou s’offrir une parenthèse gourmande dans les fermes de producteurs qui ont fleuri ces dernières années. Le Perche est une promesse : celle d’aventures à la carte, pour chaque randonneur à vélo prêt à enfourcher sa monture et écouter les récits de pierre des manoirs silencieux.